A la recherche d’une alternative gratuite à Lightroom ou Capture One ? Pourquoi ne pas vous laisser tenter par RawTherapee ? Comme vous allez le voir, ce logiciel de retouche photo est bourré de possibilités et n’a pas grand-chose à envier à ses concurrents…

Icône du logiciel de retouche photo RawTherapee

RawTherapee, un logiciel destiné aux pros du développement Raw…

Autant vous le dire tout de suite, ce logiciel vise les amateurs passionnés et pros de la retouche d’image avec des possibilités de traitement assez phénoménaux…

Comme son nom l’indique, celui-ci est spécialisé dans le traitement des fichiers raw et DNG et est donc à classer dans la catégorie des logiciels de retouche photo non destructifs (pour ceux qui ne savent pas trop ce que cela veut dire et qui souhaitent avoir des informations sur la classification des différents types de logiciels, c’est par ici).

Fonctions disponibles

Avant d’entrer dans le détail, sachez que RawTherapee est un logiciel conçu exclusivement pour développer et traiter vos images. Ici, pas de catalogage, de modules Cartes, Diaporama, Livre ou encore de création de pages web. Il laisse cela à ses concurrents…

FonctionsOUINON
Gestion des fichiers Raw, DNG, JPEG, TIFF, PSDX (sauf PSD)
Reconnaissance facialeX
Notation des photosX
Gestion des mots-clésX
Copies virtuellesX
Géolocalisation des imagesX
Correction des yeux rougesX
Correction balance des blancsX
Correction tonalitéX
Gestion des courbesX
Gestion tonalités (couleur et N et B)X
Correction des perspectivesX
Corrections des déformations de l'objectifX
Outils de retoucheX
Assemblage photo panoramiqueX
Assemblage HDRX
Gestion de l'impressionX
Création diaporamaX
Création livre photoX
Création pages webX
Envoi direct par mailX
Partage sur les réseaux sociauxX

Par contre, en ce qui concerne la retouche, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est extrêmement bien armé (à lire plus bas).

L’environnement de travail

Comme tous ses concurrents, RawTherapee à fait de choix du gris anthracite. Ce n’est pas une question de mode, c’est simplement que c’est une couleur neutre adaptée au traitement des images. Si toutefois cela ne vous convient pas, vous pouvez aller dans les préférences et modifier cela sans aucun problème.

Du fait de son orientation axée uniquement sur le développement et le traitement d’image, RawTherapee dispose d’une interface épurée avec trois onglets (un peu à la manière de DXO) :

  • Le navigateur de fichiers dans lequel on visualise et sélectionne les photos à retoucher.
  • L’éditeur qui, comme son nom l’indique, correspond au module dans lequel l’utilisateur retouche / embellit ses images.
  • La file d’attente ou les images sont placées avant d’être exportées.

Un autre élément m’a frappé lorsque j’ai découvert ce logiciel : il est dépourvu de menu (du moins sur Mac). C’est bien la première fois que je vois ça.

Du fait de cette simplicité, RawTherapee ne prend que 65 Mo sur le disque dur. Un poids plume face aux 1,55 Go exigés par le mammouth Lightroom (24 fois plus !). Nous verrons plus loin ce que cela donne en termes de vitesse de traitement…

L’importation

En fait, le terme importation mentionné ici est inexact. Je l’ai seulement conservé pour garder la trame que j’utilise pour présenter les différents logiciels de retouche photo. Il est donc préférable de parler ici d’affichage car, à la différence de Lightroom, RawTherapee est dépourvu de fonction permettant d’indexer les images présentes sur le disque dur de votre ordinateur. Ce logiciel se « contente » d’ouvrir la (les) photo(s) et de la(les) traiter. Il n’y a donc pas de fonction de catalogage avec classement des photos par des mots clés, rangement dans des albums virtuels etc…

Donc, pour afficher ses images, il suffit d’aller dans l’onglet Navigateur de fichiers. La fenêtre Répertoire située sur la gauche de l’écran affiche l’arborescence des fichiers présents sur le disque dur. Il ne reste alors plus qu’à sélectionner le dossier contenant les images à traiter et celles-ci apparaissent sous forme de vignettes. Bref, tout ce qu’il y a de plus classique.

En plus du fait que ce logiciel est capable de lire les fichiers Raw et DNG délivrés par votre APN (j’en profite pour préciser que même Fuji avec son capteur particulier n’a pas été oublié), RawTherapee reconnait la grande majorité des standards de fichiers image l’industrie photographique (TIFF mono et multi-calques, JPEG, PNG, etc…). Seule ombre au tableau, il n’est pas capable de lire les PSD. Ben alors, on a une dent contre Adobe ?

Le classement, l’identification, le tri

Même si ce logiciel n’indexe pas vos images, cela ne l’empêche pas de proposer 2-3 fonctions pour vous permettre d’identifier et de retrouver facilement vos photos.

Il est ainsi possible de les identifier par un code couleur et/ou de les classer en leur attribuant une note sous forme d’étoiles (de 1 à 5).

De plus, RawTherapee propose quelques fonctions de filtrage automatique permettant ainsi à l’utilisateur de retrouver facilement les photos développées/non développés ou celles ayant récemment fait l’objet d’une modification ou pas.

Un champ de recherche est également présent en haut à droite (il est petit mais il est bien là), au dessus des vignettes et permet de retrouver les photos en fonction de leur nom ou de leur extension. Si l’utilisateur a besoin de rechercher une image par rapport à ses données exif, il lui faut alors cliquer sur l’onglet Filtrer (sur la droite) pour afficher la fenêtre d’options à droite de l’écran.

Autre point intéressant : la fonction Inspecter permet quand à elle d’afficher l’image en taille réelle des pixels. Dès lors que l’utilisateur a cliqué sur l’onglet du même nom, il lui suffit de survoler la vignette et la portion survoltée s’affiche en taille réelle sur la droite de l’écran. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’affichage en grande taille est très rapide. Le délai de chargement est quasi nul. Cette fonction sera bien entendu très utile pour juger de la netteté des images et donc pour faire le tri.

Pour retrouver plus facilement ses photos, l’utilisateur à enfin la possibilité d’enregistrer ses dossiers favoris ou ceux sur lesquels il travaille en cliquant sur le bouton Ajouter présent dans la fenêtre Emplacements (en haut à gauche de l’écran).

La retouche des images

Bon, là on arrive dans le gros morceau et il y a pas mal de choses à dire…

Dès lors que l’on double-clique sur la vignette, la photo s’ouvre dans le module Editeur. Celui-ci se présente comme suit :

  • A gauche, on retrouve l’histogramme, le navigateur et l’historique des modifications.
  • Au dessus de l’image sont disposés les outils de retouche (balance des blancs, recadrage, rotation…).
  • A droite ce sont bien entendu les fonctions de retouche. Elles sont classées sous forme d’onglets (Exposition, Détail, Couleur, Ondelettes, Transformation, Raw et Métadonnées).
  • En bas d’écran on retrouve les outils de navigation et les options d’affichage (RawTherapee ne possède pas de film fixe).

La première chose à faire est de choisir un profil de post traitement (équivalent des Paramètres Prédéfinis de Lightroom), tout en haut à droite de l’écran. Ils sont rangés par catégories et permettent d’arriver très rapidement à un résultat intéressant (l’utilisateur souhaitant gérer son post-traitement de A à Z choisira l’option Neutre). Je précise que le choix du profil de post traitement peut se faire automatiquement dès ouverture de l’image à traiter (via la fenêtre des préférences).

Une fois le choix fait, il suffit de cliquer sur les onglets présents juste en dessous pour faire apparaître les options à modifier/corriger. C’est à partir de ce moment là que l’on prend conscience de l’étendue des possibilités de traitement offertes par ce logiciel.

Tout y est ! et je dirais même plus !

Prenons l’exemple du premier onglet (Exposition). Outre le fait qu’il est possible de modifier l’exposition, la luminosité, le contraste, la saturation, les tons foncés et les tons clairs, comme le fait n’importe quel logiciel de retouche photo digne de ce nom, il est également possible de procéder à des réglages bien plus fins. Par exemple, RawTherapee dispose d’un outil courbe très élaboré. On peut y mettre un nombre illimité de points (enfin je pense vu que je me suis arrêté à 22) et même y croiser deux courbes simultanément. Vous n’êtes pas très fan des courbes ? Pas de problèmes, il suffit de survoler la photo en cours de traitement et une barre verticale apparaît sur la courbe pour indiquer à l’utilisateur quelles sont les tonalités correspondantes. Avec ce système, vous allez vite comprendre comment fonctionne cet outil redoutable. J’ajoute également que les réglages apportés aux courbes peuvent être enregistrés et appliqués ainsi à d’autres images. Il est même possible de les copier dans le presse papier pour les appliquer aux photos suivantes.

Dès lors que l'on survole l'image, des barres verticales indiquent à quelle tonalité correspondent les zones survolées sur l'histogramme.

Dès lors que l’on survole l’image, des barres verticales indiquent à quelle tonalité correspondent les zones survolées sur l’histogramme.

Toujours dans les réglages de tonalité, il est également possible, en allant dans le panneau Ombres/Hautes lumières (situé juste en dessous des courbes), de doser l’intensité du réglage des ombres et des hautes lumières en faisant varier le curseur Amplitude tonale des hautes lumières / Amplitude tonale des ombres. Dingue non ?

Et il en est de même pour la plupart des fonctions disposées dans tous les onglets. Par exemple, l’onglet Couleur permet à l’utilisateur d’agir sur la balance des blancs (personnalisée, manuelle), la vibrance (avec la possibilité d’agir sur certaines tonalités uniquement), de jouer sur les courbes de couleur (une courbe par couche de couleur R, V, B), de faire des virages colorimétriques (5 méthodes différentes !), de choisir le profil de couleur en entrée et sortie ainsi que l’espace de couleurs, etc…

Autre exemple : l’onglet RAW propose pas moins de 10 modes de dématriçage (5 modes pour les possesseurs d’appareils photo Fuji dotés du capteur X-Trans). Ca veut donc dire que ce logiciel propose 10 algorithmes pour interpréter, de lire les données contenues dans le fichier Raw.

Je ne peux évidemment pas tout présenter ici mais croyez moi. Si vous êtes un fan des curseurs et que vous voulez maîtriser avec une précision extrême la retouche de vos photos, vous allez prendre votre pied ! D’ailleurs, je dois vous avouer qu’il y a certaines fonctions qui me sont complètement inconnues… J’ai donc, avec ce logiciel, de quoi parfaire mes connaissances en retouche d’image.

Durant le traitement il est également possible d’enregistrer un état de l’image (c’est l’équivalent de l’instantané dans Lightroom) de manière à pouvoir revenir en arrière et à retrouver instantanément l’état de la photo si l’on fait une bêtise. Privilège de la retouche non destructive, la liste des modifications apportées à l’image apparaît dans la fenêtre Historique à gauche de l’image. Cependant, il y a un hic (cf. Au chapitre des regrets).

Concernant la vitesse de traitement, c’est rapide et il n’y a que très peu de latence entre l’application d’un réglage et l’affichage à l’écran.

Fichier chariot généré par RawTherapee dès lors que l'on bascule dans le module Editeur

Fichier chariot généré par RawTherapee dès lors que l’on bascule dans le module Editeur

Sachez enfin que les modifications apportées par le logiciel sont enregistrées dans un petit fichier annexe au format .PP3 (équivalent du .XMP chez Adobe) et ce, quelque soit le type de fichier.

Le partage des photos

Là par contre, ce point est hors sujet du fait que RawTherapee ne propose pas de solution automatisée pour partager ses photos sur les réseaux sociaux, par mail ou même pour les imprimer. Donc, on passe…

L’exportation

Pour appliquer les réglages apportés à l’image, il suffit de cliquer sur le petit engrenage en haut à gauche de la vignette dans le module Navigateur de fichiers ou en bas de l’écran dans le module Editeur. La photo ainsi marquée, se retrouve alors automatiquement dans la file d’attente. Une fois les traitements des images terminés, on clique sur l’onglet File d’attente. Il ne reste plus qu’à choisir le format de sortie (JPEG, TIFF ou PNG mais pas de PSD), le niveau de compression , l’emplacement des photos exportées sur le disque et de cliquer sur Démarrer le traitement.

Une autre option consiste, dans le module Editeur, à cliquer sur l’icône Enregistrer l’image courante en bas de l’écran (elle est représentée sous la forme d’un disque dur). Les options d’exportation sont identiques à la file d’attente. Ce mode est à privilégier pour exporter directement l’image qui vient d’être traitée.

Au chapitre des regrets…

Les outils de retouche sont beaucoup plus succincts que ceux que peut proposer Lightroom. Si le filtre dégradé existe bel et bien, ce n’est pas par exemple le cas du filtre radial, du pinceau de retouche ou de la suppression des défauts. Du coup, il n’est par exemple pas possible de supprimer les taches pouvant être présentes sur le capteur de votre APN.

Dommage aussi qu’il ne soit pas possible de créer des copies virtuelles. Cette option n’est probablement pas possible du fait de l’absence d’un catalogue. Les possibilités de traitement sont tellement énormes que l’on est rapidement tenté par le fait de vouloir essayer plusieurs traitements, plusieurs combinaisons différents pour une même image.

L’historique des modifications n’est pas conservé lorsque l’on ré-ouvre RawTherapee. Est-ce du fait l’absence de catalogue ? ça c’est vraiment dommage car du coup, on perd la chronologie des modifications apportées à l’image. Du coup, il est difficile de savoir ce qui a été modifié. Il n’y a pas moyen d’enregistrer ces actions dans le fichier annexe en .PP3 ?

Il n’est pas possible d’enregistrer ses images au format DNG. C’est d’autant plus dommage qu’il le gère bien en entrée. Décidément, ce logiciel a vraiment une dent contre Adobe !

Conclusion

Disponible pour Mac, Windows et Linux, libre et open source (c’est à dire que vous pouvez modifier le code source si le coeur vous en dit), léger, rapide, ce logiciel à vraiment tout d’un grand de la retouche d’image. Ses options de retouche sont hyper nombreuses et je dois reconnaître que j’ai été bluffé par ses possibilités de traitement (il dépasse sur bien des points les logiciels concurrents de sa catégorie qui eux, sont payants). Bien sur, pour le maîtriser parfaitement, il faut avoir de bonnes et solides connaissances en retouche d’images au risque d’être perdu parmi tous ces curseurs…

  • Vous avez un ordinateur un peu vieillissant que vous n’envisagez pas de changer à court ou moyen terme et vous recherchez malgré tout un logiciel qui tienne la route en terme de traitement ?
  • Vous êtes un adepte du gratuit et estimez qu’il n’est pas nécessaire de payer pour retoucher correctement ses photos ?
  • Vous n’êtes pas fan de Lightroom et vous n’avez que faire de son lot de fonction inutiles à vos yeux comme par exemple la reconnaissance faciale, la création de livres photos ou encore de diaporamas ?
  • Vous êtes un habitué des logiciels de retouche destructifs comme Photoshop ou Affinity Photo et vous voulez tester un dérawtiseur ?

Dans ce cas, laissez vous tenter par RawTherapee. Vous ne risquez absolument rien à le télécharger et le tester. De plus, si celui-ci souffre de quelques manquements à vos yeux. rien ne vous empêche de l’associer à un autre logiciel gratuit comme Gimp pour un travail de retouche encore plus poussé.

Télécharger RawTherapee

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