Une belle photo, ce n’est pas seulement une image nette, bien exposée, bien cadrée et avec de belles couleurs. C’est aussi une image indemne de toute tache parasite qui peut venir tout gâcher. Après avoir présenté le pourquoi de ces taches et les causes à l’origine de leur apparition, je vais vous présenter une technique pour détecter à coup sur la totalité de ces impuretés avant de clore sur les différentes solutions qui s’offrent à vous pour les supprimer…
D’où viennent les taches présentes sur les photos ?
Le passage de la photographie argentique au numérique est à l’origine de l’apparition d’une nouvelle maladie : l’apparition de taches sur vos images.
En effet, là ou en photographie argentique le support d’enregistrement change d’une prise de vue à l’autre via la bobine de film qui avance après chaque déclenchement, ce support reste le même durant toute la vie de l’appareil lorsqu’il s’agit de numérique. Ce support, c’est bien entendu le capteur…
Si une poussière ou un corps étranger se dépose à sa surface, la lumière ne peut plus être totalement captée, ce qui se traduit par une tache noire ou une auréole du plus bel effet sur les photos. Cette tache reste ensuite là, toujours au même endroit jusqu’à ce qu’elle soit retirée (j’y reviens en fin d’article).
Que vous soyez maniaque ou pas, et quoi que vous fassiez, si vous avez un APN (Appareil Photo Numérique) de type réflex ou hybride, des poussières se déposeront tôt ou tard sur votre capteur. Et ce ne sont pas les systèmes proposés par les fabricants de matériel photo qui y changeront quoi que ce soit. S’ils permettent de retarder l’apparition des taches sur les images, leur efficacité reste limitée.
Pourquoi ces taches ? tout simplement parce que l’air qui nous entoure contient de la poussière.
Dès lors que vous appuyez sur le déclencheur de votre réflex, le miroir se lève et les rideaux qui composent l’obturateur s’ouvrent pour laisser passer la lumière en direction du capteur. L’ensemble de ces mouvements génèrent immanquablement des flux d’air dans la chambre photographique. C’est ainsi que des poussières peuvent se retrouver sur le capteur. De la même manière, le fait de zoomer/dézoomer produit immanquablement un effet d’aspiration (surtout avec les zooms à pompe) ce qui ajoute encore des flux d’air.
De plus, ces opérations se répétant des milliers de fois, cela fini aussi par user le mécanisme ultra précis de votre appareil. Cette usure génère ainsi la production de micro particules qui peuvent aussi se déposer sur le capteur (ceux qui ont ramené leur Nikon D600 en SAV du fait d’un matériau qui s’usait anormalement savent exactement de quoi je veux parler…).
Sur un hybride, le capteur est à nu et est donc en contact direct avec l’air ambiant. Il est donc plus sensible aux poussières dès lors que l’on change d’objectif (c’est d’autant plus vrai que beaucoup d’utilisateurs changent d’optique en maintenant leur appareil vers le haut).
Les conditions de stockage du matériel peuvent aussi être à l’origine de l’apparition de taches, notamment l’humidité qui favorise l’apparition de moisissures (là, il n’y a pas que le capteur qui va rencontrer des problèmes…).
Enfin, il ne faut pas non plus négliger l’environnement dans lequel évolue le photographe. Celui qui fait des photos de studio aura forcément un capteur qui se salira beaucoup moins rapidement qu’un photographe spécialisé dans les photos d’action comme l’équitation ou le motocross par exemple…
Voilà pour l’origine des taches.
Avant de clore ce chapitre, une remarque importante à l’attention des possesseurs de réflex : attention à ne pas confondre les taches que vous voyez lorsque vous regardez dans votre viseur avec celles présentes sur le capteur de votre APN. Celles-ci n’ont en effet rien à voir vu qu’elles correspondent aux impuretés présentes sur le miroir. Et vu que le miroir se lève durant la prise de vue, elles n’apparaitront pas sur l’image.
Comment visualiser ces taches ?
Idéalement, il faut être en mesure de pouvoir détecter la moindre petite impureté avant que celle-ci soit visible au point de venir gâcher la photo.
La manière la plus directe d’observer ces poussières est bien sur de les photographier. Le principe est le suivant : en photographiant un sujet clair, uniforme et lumineux, les zones ne captant pas de lumière sont forcément sombres, ce qui permet de mettre en évidence les impuretés présentes à la surface du capteur.
Pour révéler ces impuretés, procédez de la manière suivante :
- Désactivez l’autofocus de votre appareil.
- Mettez vous en priorité à l’ouverture (mode A ou Av selon les modèles d’appareils) puis fermez le diaphragme à f22. Cela va avoir pour effet d’avoir des taches bien nettes.
- Choisissez une sensibilité ISO de 100 de manière à avoir le moins de bruit possible et un maximum de détail sur l’image.
- Choisissez un sujet clair, uniforme et lumineux à photographier. Cela peut par exemple être un ciel bleu, une feuille de papier ou encore un écran blanc sur votre ordinateur (personnellement je crée un nouveau document dans mon éditeur de texte pour avoir mon fond blanc).
- Zoomez au maximum de manière à ce que les bords de l’écran ou de la feuille blanche ne soient pas visibles.
- Réglez la mise au point sur l’infini en tournant la bague de mise au point à fond vers la droite. Cette précaution vise à vous éviter de faire la netteté sur la feuille ou l’écran et de prendre pour une tache, une poussière qui pourrait être présente sur votre feuille de papier ou encore de photographier une trace de doigt ou la trame des luminosphores de votre écran. Ne vous souciez pas de la netteté du sujet que vous prenez en photo. Idem pour la vitesse, on s’en fou complètement… N’oubliez pas que ce sont les zones de votre capteur qui ne captent pas correctement de lumière que l’on cherche à mettre en évidence.
- Si tout se passe bien, vous devriez obtenir une photo comme celle-ci…
- Si la photo est trop sombre n’hésitez pas à en refaire une autre avec une correction d’exposition à +1.
- Zoomez à 100% et balayez votre écran. Les taches sont à présent visibles.
Pour les possesseurs de Lightroom, sachez que vous pouvez aller encore plus loin dans le processus de détection des poussières car, comme vous pouvez le constater sur l’exemple ci dessous, certaines taches peuvent être vraiment difficiles à détecter. Je précise que la technique présentée ci-dessous n’est possible qu’à compter de la version 5.
- Importez la photo que vous venez de faire dans votre bibliothèque, allez dans le module Développement puis cliquez sur l’outil Suppression des défauts (c’est le deuxième en partant de la gauche),
- Cochez la case Afficher les défauts présente sous l’image. Celle-ci passe alors dans un mode qui rend les taches bien plus visibles (elles apparaissent blanches sur un fond noir). Déplacez, le cas échéant, le curseur à droite pour augmenter le seuil de visualisation.
Voilà, avec cette méthode, rien ne pourra plus cous échapper. Vous pourrez voir la plus infime tache bien avant que celle-ci ne vienne gâcher vos photos.
Comment supprimer les taches présentes sur le capteur ?
Trois solutions s’offrent à vous :
1. Confier votre appareil à un pro qui maîtrise parfaitement cette opération. Moyennant une cinquantaine d’euros et 2-3 jours d’immobilisation, vous récupérerez votre capteur comme neuf.
2. Le faire vous même après avoir acheté un kit de nettoyage spécialement conçu pour cela (attention à ne pas vous tromper dans la taille de votre capteur). Par contre, je vous mets en garde : soyez sur de ce que vous faîtes car si vous abîmez votre capteur, c’est direction SAV ou la poubelle pour votre APN car comme vous le savez probablement, le capteur est la pièce la plus chère et celle qui fait la valeur de votre appareil. Avec un capteur défaillant, votre appareil ne vaut plus rien.
Si vous ne l’avez jamais fait, je vous conseille vivement de le faire avec quelqu’un qui maîtrise ce genre d’opération. Renseignez vous auprès de votre photographe car certains d’entre eux proposent des formations pour vous apprendre à réaliser cette intervention en toute sécurité.
3. Envoyer votre appareil au SAV. C’est malheureusement la seule chose à faire si vous avez un matériel de type compact ou bridge. En effet, les objectifs n’étant pas démontables, il n’est donc pas possible d’accéder directement au capteur. A ce titre, si votre matériel est toujours sous garantie, essayez de la faire valoir car ces appareils sont censés avoir un système de protection contre les poussières.
Comment supprimer les taches présentes sur les photos ?
Tout dépend ici du type de logiciel de retouche photo que vous utilisez.
Avec les logiciels de retouche non destructifs (Lightroom, RawTherapee, Capture One, etc…)
Comme évoqué plus haut, la technique présentée ici est issue du logiciel Lightroom.
- Cliquez sur l’outil Suppression des défauts, déterminez la taille de la zone d’action de l’outil, assurez-vous d’être en mode Corriger et cliquez simplement sur la(les) tache(s) à supprimer.
- Si vous avez d’autres photos à traiter, sélectionnez-les puis cliquez sur le bouton Synchroniser… Une fenêtre apparaît.
- Décochez toutes les options à l’exception de Suppression des défauts puis validez. Les corrections s’appliquent à l’ensemble des images sélectionnées.
Cet outil fonctionne très bien dans les zones uniformes et répétitives (ciel, sable, eau, herbe etc…). Pour les taches plus compliquées à supprimer (par ex à cheval sur plusieurs éléments), il vaut mieux basculer sur un logiciel de retouche photo qui gère les calques.
Avec les logiciels de retouche qui gèrent les calques (Gimp, Photoshop, Affinity Photo, Pixelmator, etc…)
Le meilleur outil pour supprimer ces taches est l’outil Correcteur. Présent sur la quasi-totalité des logiciels de retouche photo (son icône ressemble à un pansement), il permet de rendre totalement invisible les taches présentes sur vos photos. Pour l’utiliser, appuyez sur la touche Alt de votre clavier puis, tout en maintenant la touche enfoncée, cliquez sur une zone à proximité de la tache (cela a pour effet de sélectionner la source de duplication). Relâchez la touche Alt puis passez l’outil sur la tache à supprimer. Si la tache recouvre plusieurs éléments ou est très proche d’un autre élément, il est alors préférable d’utiliser l’outil Tampon de duplication. Celui-ci fonctionne exactement de la même façon que l’outil Correcteur.
Conclusion
Je termine cet article avec ces quelques conseils pour vous permettre d’éviter l’apparition trop fréquente de taches :
- Positionnez votre boitier capteur vers le bas lorsque vous changez d’objectif. Si vous allez dans un environnement à risque, mettez le bon objectif avant de partir.
- Ne laissez pas votre boitier sans objectif à l’air libre plus de quelques secondes.
- Mettez systématiquement le bouchon arrière de votre objectif dès lors que celui-ci n’est plus sur le boitier.
- Ne mettez jamais les capuchons de protection AR de vos objectifs dans vos poches. Les microfibres et poussières qu’elles contiennent finiront où à votre avis ?
- Essuyez régulièrement l’intérieur du capuchon arrière de votre objectif avec un chiffon non pelucheux (qu’il faut bien évidemment secouer ensuite).
Ce ne sont que des mesures de bon-sens, mais cela ne coûte rien de les rappeler…
Le mieux pour ne pas avoir de poussières est de ne jamais démonter l’objectif !
Ayant un Sony 24-240, c’est possible.
Mais il y a quand même quelques poussières de temps en temps ; il est assez facile de les enlever avec un outil approprié, Lenspen par ma part.
Cette histoire de capteurs se salissant rapidement est le point faible des hybrides. A titre d’information, je n’utilise qu’un seul objectif sur mon boitier actuel (un réflex Canon 7D). En 10 années d’utilisation, je n’ai nettoyé le capteur que deux fois. Et pourtant, ce boitier en a fait des Km…
Donc oui, avoir un seul objectif facilite grandement les choses…
Ce qui est étonnant, c’est que l’obturateur est ouvert par défaut ; donc lorsqu’on change l’objectif, le capteur est exposé. Lors de la présentation du Sony A7RIV, j’ai fait la remarque au fabricant ; il serait logique qu’à l’arrêt ou au démontage de l’objectif, l’obturateur se referme…
PS : mon URL http://www.escaich.com n’est pas reconnue et pourtant elle existe !
C’est une remarque judicieuse que, seul Canon a à ma connaissance traité comme vous le mentionnez. L’obturateur de l’EOS R est en position fermé lorsque l’on change d’objectif.
En ce qui concerne votre adresse de site, je ne sais pas ce qui disfonctionne…
Une petite coquille ici : Voilà, avec cette méthode, rien ne pourra plus cous échapper.
merci pour cet excellent article.
Le pire c’est d’avoir une tache à l’intérieur de l’objectif… Le truc ultra galère surtout quand ont part en vacance. Résultat, plein de nettoyage en post-prod et envoie de l’objectif au fabricant au retour de vacance. Depuis réception de l’objectif “nettoyé”, plus de problème 😉
Très bon article clair et précis !
Merci pour ces bons conseils.
Oui, excellent article, mais de grâce, effaçons les « taches » et non pas les « tâches ».
Oups ! Je viens de me mettre à la tâche en supprimant toutes ces tâches. Merci pour l’info…
Merci pour cet article parfait et très didactique.