Un photographe ou amateur de belles images possède généralement plusieurs logiciels pour traiter et retoucher ses photos. Pourquoi un tel choix ? Comment les faire cohabiter ? Y a t-il un nombre idéal de logiciels à utiliser ?
Une petite précision avant de commencer : pour une parfaite compréhension de ce qui suit, je vous invite tout d’abord à lire l’article qui présente les 5 grandes catégories de logiciels de retouche photo (dont ce billet est en quelque sorte la suite).
Le logiciel de retouche photo idéal n’existe pas ! et celui qui fait tout non plus ! aussi performant soit-il, il y a toujours une fonction par-ci, une autre par là qui fait défaut dans la solution que vous avez choisie et que vous serez tenter d’aller chercher ailleurs pour combler ce manquement.
Se pose alors la question d’utiliser plusieurs applications pour traiter ses images. Ce choix n’est pas sans conséquences :
- Il faut acquérir de nouvelles compétences. Si bien utiliser/maîtriser un logiciel de retouche d’image n’est pas toujours évident et peu prendre du temps, avec deux ou trois applications, ça rend forcément les choses encore plus compliquées.
- Cela complique le processus de traitement. Ouvrir et retoucher la photo dans le logiciel n° 1, la sauvegarder, l’ouvrir et la retoucher dans le logiciel n° 2, la sauvegarder à nouveau, bien l’identifier pour être sur de ne pas la confondre avec la version issue du premier logiciel… Tout cela multiplie le nombre de versions d’une même image sur le disque dur de l’ordinateur. Ca prend donc de la place, et en plus, ce sont des sources d’erreur. Bref, c’est pas top…
- et bien sur, ça coûte plus cher…
Mon premier conseil est le suivant : il faut réduire au maximum le nombre de logiciels à utiliser. Ceux-ci doivent être complémentaires et non concurrents. Si malgré tout vous utilisez des logiciels concurrents, il doit y avoir l’application par défaut et celle que vous utiliserez occasionnellement et pour un besoin très précis.
Mon second conseil découle du premier : Idéalement il faut avoir 2 versions au maximum d’une image : la photo brute telle que fournie par votre APN (et que je vous conseille de toujours conserver) et sa version retouchée. Malheureusement, c’est plus facile à dire qu’à faire… (j’y arrive à plus de 95 %).
Le choix ou la nécessité de travailler avec un ou plusieurs logiciels va dépendre de deux choses :
1. Le comportement photographique
Un logiciel, c’est comme le matériel photo. Il est conçu pour répondre à un besoin précis. Et ce besoin dépend en grande partie de votre comportement photographique.
Il existe deux grands types de photographes :
Le photographe puriste
Le puriste ne jure que par les bons gros raw ou DNG pour immortaliser les instants qu’il photographie. Il veut pouvoir récupérer l’image brute enregistrée par le capteur de son APN, point barre (ça c’est moi 🙂 ).
Il lui faut donc avoir pour commencer, un logiciel qui soit capable de lire ces fameux Raw car, comme vous le savez probablement, ce sont des formats propriétaires.
De plus, le photographe puriste est également obligé de retoucher 100% des images délivrées par son boitier (un raw ne se partage pas, il se développe).
Voilà pour les exigences du photographe puriste.
Le photographe classique
A l’inverse du puriste, le photographe classique fait confiance aux JPEG délivrés par son APN. Ce type de personne n’a donc pas besoin de retoucher la totalité de son jus photographique (le JPEG étant justement un fichier déjà développé et prêt à l’emploi). Avec ce type de profil, le travail de retouche peut donc être occasionnel.
De ce fait, le type de logiciel utilisable par le photographe classique est plus large (on verra ça plus loin…).
Passons maintenant au deuxième point qui va conditionner chez vous l’utilisation d’un ou de plusieurs logiciels…
2. Le type de travail recherché
De la même manière qu’il existe deux types de comportements photographiques, il existe aussi deux grands types de retouches numériques.
Le photographe embelliseur
L’embelliseur ne cherche pas à créer des effets spéciaux et à triturer ses images dans tous les sens. Lui, ce qui l’intéresse, c’est d’optimiser ses photos, de les rendre plus belles… Les fonctions à utiliser sont donc simples d’emploi et se limitent souvent à des retouches globales de l’image (recadrage, saturation, contraste, balance des blancs, exposition, etc…).
Le photographe retoucheur
Il est bien sur à l’exact opposé de l’embelliseur. Lui, ce qu’il aime c’est mélanger, truquer des images pour en sortir des photos improbables (ou restaurer des vieilles photos, comme moi 😉 ). Il a donc besoin d’un logiciel très complet proposant de nombreux outils de retouche, de filtres, de masques, de calques de réglages, de modes de fusion, etc…
Le nombre idéal de logiciels en retouche photo
Maintenant que le décor est planté, je vais vous parler de logiciels…
Qui dit deux profils de photographes et deux types de travaux photo dit forcément deux grandes familles de logiciels que vous connaissez probablement (pour une description plus détaillée, ben c’est par ici)
- Il y a ceux conçus pour optimiser/embellir ses images dans un flux de production non destructif. Ici, le potentiel créatif est faible mais le système de gestion et d’organisation des photos est élevé (par ex Lightroom, Capture One Pro, RawTherapee, Darktable…)
- Il y a ceux conçus pour retoucher/truquer ses images dans un flux de production destructif. Ici, c’est tout l’inverse : le potentiel créatif est très élevé mais il n’y a pas de fonction pour gérer et organiser ses images (par ex Photoshop, Affinity Photo, Gimp, Paint Shop Pro…)
Je pense que vous voyez ou je veux en venir. Le fait d’opter pour telle ou telle solution logicielle va dépendre de la catégorie de photographe à laquelle vous appartenez…
- Vous êtes plutôt un puriste ? il vous faut donc plutôt une solution capable de traiter rapidement un grand nombre d’images dans un flux de production non destructif.
- Vous êtes plutôt un classique ? le choix est plus large et vous pouvez vous permettre d’opter pour l’une des deux catégories selon la méthode de travail choisie.
- Vous êtes plutôt un embellisseur ? là aussi, selon que vous photographiez en Raw ou en JPEG, vous pouvez vous diriger vers l’une des deux catégories.
- Vous êtes plutôt un retoucheur ? Dans ce cas là, il n’y a pas photo, il vous faut la version classique du logiciel de retouche, à savoir le bon vieux logiciel de retouche destructif.
Bien entendu, toutes les permutations sont possibles : un photographe peut être à la fois puriste et embellisseur, classique et retoucheur, puriste et retoucheur ou classique et embellisseur.
Le nombre idéal de logiciel en retouche photo est donc de 2 : un premier pour classer – embellir et un second pour retoucher. Ces deux produits se complètent à merveille (ils sont malins les éditeurs hein ? 😉 ).
Et si actuellement vous ne travaillez qu’à partir d’une seule application, croyez-moi, tôt ou tard, l’expérience faisant, ça vous démangera d’utiliser le logiciel complémentaire que vous n’avez pas.
Certains photographes aguerris peuvent même aller jusqu’à utiliser 3 ou 4 logiciels différents. Ces troisièmes et quatrièmes larrons sont souvent des plugins ou des logiciels spécialisés. Ceux-ci offrent des performances encore plus pointues mais dans des domaines ultra spécialisés (par exemple, l’assemblage de photos panoramiques, la fusion HDR, le noir et blanc, etc…).
Comment faire cohabiter ces logiciels et les images ?
On a vu qu’avoir plusieurs applications complexifiait le processus de gestions des images. Il faut donc être bien organisé. Pour être bien organisé, il vous faut définir votre flux de travail et vous y tenir.
Il y a une hiérarchie dans les logiciels que vous utilisez. Si je part du principe que la majorité d’entre vous êtes des photographes embellisseurs, le logiciel principal est celui qui vous permet de gérer votre flux de travail. Si l’on part du principe que vous avez les deux types d’applications présentées tout à l’heure, votre logiciel principal, c’est votre catalogueur-dématriceur (à savoir les Lightroom et compagnie).
Le logiciel secondaire sera à utiliser lorsque vous aurez optimisé au maximum vos images dans la première application. Il n’intervient que lorsque la fonction/l’outil à utiliser n’existe pas dans le logiciel principal ou qu’il est moins pratique à utiliser (par exemple l’outil Tampon de duplication Vs l’outil Suppression des défauts).
Cette manière de faire peut être différente pour les retoucheurs purs et durs. Certains optimiseront d’abord leurs images dans leur dématriceur là ou d’autres préfèreront utiliser les calques pour avoir toutes les opérations de retouche dans le même fichier.
Passer d’une application à l’autre s’effectue très facilement. Le principe est le suivant : un clic droit sur la vignette représentant la photo et une option généralement dénommée Modifier dans… ou Export vers… apparait dans le menu contextuel. Le logiciel n°1 crée une nouvelle version de la photo, applique les réglages puis l’enregistre à côté de l’image brute qui s’ouvre alors dans le logiciel n°2. Une nouvelle vignette apparaît enfin à côté de la vignette d’origine.
Voilà, c’est tout. Avec cette façon de procéder, vous n’avez même pas eu besoin d’aller dans votre explorateur de fichier pour déterminer le dossier de sauvegarde de la nouvelle photo. C’est votre application principale qui s’en est chargée. Un gain de temps et une source d’erreur en moins. Avouez que c’est pratique non ?
Quelles associations de logiciels choisir ?
Cela va dépendre de deux choses :
1. Votre budget
- Si votre budget est serré, mettez le plus de moyens dans votre logiciel principal quitte à prendre un logiciel secondaire gratuit comme Gimp ou Photofiltre.
- Si votre budget est plus conséquent, vous pouvez associer des logiciels à moins de 100 € comme le combo Photoshop Elements – Elements Organizer, Affinity Photo, Paint Shop Pro, ACDSee…
- Si vous voulez ce qu’il y a de mieux, alternez les différents logiciels pros du marché : Lightroom, Photoshop, Affinity Photo, DxO, Capture One Pro…
2. La compatibilité entre les logiciels
Mixer les applications c’est bien mais il ne faut pas non plus perdre de vue que quasiment tous les logiciels ont leur petite extension maison. Du coup, se pose la question de la compatibilité entre les fichiers image qu’ils génèrent…
Prenons un exemple : vous utilisez un logiciel comme Affinity Photo qui crée des images avec l’extension AFPHOTO. Ces photos ne seront pas visualisables et indexables par les catalogueurs qui eux savent lire les Raw, les DNG et les formats de fichiers universels comme TIFF et JPEG. Bon sang, ce serai tellement pratique si l’ensemble des logiciels éditaient un mini JPEG encapsulé au sein même du fichier image et accessible par tout type d’application…
Il n’y a qu’un seul éditeur qui propose les deux solutions logicielles dans sa gamme de produits. C’est bien sur Adobe. Et c’est ce qui explique en partie son succès. Camera Raw est au centre du processus de traitement des images au format Raw (ou DNG) et Lightroom est capable de lire les fichiers TIFF ou PSD générés par l’un des deux Photoshop (même en multi-calques). La boucle est bouclée…
A défaut d’utiliser les produits d’Adobe, il vous reste la solution d’utiliser la version finalisée de votre image (en TIFF ou JPEG) et de la faire indexer dans la base de données du catalogueur. Et ça marche très bien…
Conclusion
Il est bien difficile de positionner le photographe dans une case selon ce qu’il est et ce qu’il aime faire. Mais combiner ces deux types de logiciels est ce qui répond le mieux à l’immense majorité des photographes.
J’aurai même pu aller encore plus loin et parler d’un troisième type de comportement : le photographe nomade. Celui-ci a besoin de retoucher ses images quelque soit l’endroit ou il se trouve. Adobe l’a parfaitement compris et c’est l’une des raisons pour laquelle le fameux éditeur travaille actuellement sur le développement d’une nouvelle application : c’est le projet Nimbus.
Et vous ? Quelles associations de logiciels avez-vous ? la cohabitation se passe bien ?
Allez, pour finir, voici un petit sondage…
Bonjour,
Je travaille actuellement avec deux logiciels, DxO Pro Elite et Photoshop élément 2018. Le premier pour éditer mes fichier Raw, le second pour nettoyer, enregistrer, etc. Je suis à la recherche d’un troisième logiciel gratuit pour simuler l’impression,(envoi dans un labo tiers) et visualiser par « l’épreuve d’écran »(Soft-proofing) le résultat.
Merci d’avance!
Bonjour Pascal,
Darktable est capable de simuler l’impression. Je n’ai jamais utilisé ce mode avec ce logiciel mais en suivant ce lien, vous devriez pouvoir vous en sortir.
Merci pour le conseil Loïc, je vais y jeter un oeil de suite!:)
Bonjour,
Je suis vos blogs et conseils avec intérêt et suis à la recherche d’un logiciel(ou 2…) pour traiter mes photos : si j’ai bien compris,difficile d’un trouver un qui fasse tout (cataloguage,retouche RAW,montage) sauf les « destructeurs »,mais dans ce cas n’est-il pas plus simple de faire une copie de sa photo et de travailler sur cette copie en conservant un original intact ?…(j’ai Nikon NX-D et j’ai trouvé le chemin pour la copie des RAW.)
Reste donc « photoshop élément 2018 » qui ,me semble-t-il, a une fonction catalogue ou Affinity+un catalogueur pour trier les photos par genre,date,etc…ou DXO+efexHDR+silver+Hugin(mais quid des calques?) mais quel logiciel simple pour le classement ?
Je suis allergique aux abonnements…
(J’ai peur que Camera Raw de PSélément 2018 soit un peu léger )
Pour le moment,j’ai Picasa mais pas de HDR,ni pano,ni retouches locales précises ,et poussif avec les RAW du D810. Pour ce qui précède,ce sera sur un autre ordinateur dédié (sans Picasa mais avec Nikon view NX et NX-D).
Merci pour vos conseils
Bonjour,
Oups, Déjà un mois de passé… Désolé pour le délai…
Malheureusement, le logiciel qui fait tout n’existe pas et je pense que l’on risque de l’attendre longtemps…
Il faut au moins deux logiciels : le premier sert à dégrossir le terrain et suffit dans 90 % – 95 % des cas. Ce sont les Dérawtiseurs-Catalogueurs. Vu qu’ils travaillent sur un flux non destructif, inutile de faire une copie de la photo avant de la retoucher. On gagne donc beaucoup de place sur son DD avec ce genre de logiciel. L’autre avantage qu’ils ont, c’est qu’ils permettent de travailler beaucoup plus rapidement que les logiciels Classiques.
Pour les 5 – 10 % restant, il faut faire appel à un logiciel de retouche d’image plus puissant en terme de retouche. Ceux-là sont destructifs. Il faudra donc impérativement faire une copie de ses photos avant de les retoucher.
Ce que je peux vous dire sur les logiciels :
Si vous êtes allergique aux abonnements, exit les Photoshop et Lightroom de chez Adobe. Reste Photoshop Elements et Bridge (gratuit).
Je pense que Capture NX-D doit être plus puissant que le Camera Raw de Photoshop Elements pour le traitement des Raw.
Utiliser Picasa pour gérer les Raw d’un D810, ce n’est pas cohérent. Vous avez un boitier pro, il vous faut des logiciels pro comme Affinity Photo, DxO ou Capture One. En plus, Picasa est un logiciel qui n’est plus mis à jour.
Allez faire un tour sur l’article qui présente les différentes familles de logiciels de retouche photo. La majorité d’entre eux ont fait l’objet d’un article détaillé sur ce blog.
Je vous remercie de votre réponse,
Effectivement,je pense m’orienter vers Affinity en sortie en Tiff 16 de NX-D et peut être Bridge ,ou similaire,en plus pour trier et cataloguer(je suis un peu « brouillon » ).
DXO+nik collection et Capture One sont à « l’étude » .
Je collectionne les PDF mode emploi : dommage que celui d’Affinity-1088 pages en français-n’ait pas de numérotation de pages(idem pour le sommaire)
Il est vrai que NX-D est puissant et dédié Nikon-Nef avec ses avantages (picture control utility 2,etc…)
.
En attendant,je collecte quelques renseignements via les clubs photo (56-Vannes-« Contraste »par exemple qui a une section argentique N&B-je continu aussi l’argentique en N&B 6×9-je suis un vieux de la chambre noire) et demain,à une réunion Nikon à Nantes.
Merci encore
Henri Timsit
Une dernière info…
DxO a racheté Nik Collection l’année dernière, et qui est à l’origine de l’invention de la fameuse technologie U-Point, si appréciée des Nikonistes. Depuis, ce système de retouche localisé a été intégré dans DxO Photolab. Une raison de plus pour vous de tester ce logiciel…
il faut réduire au maximum le nombre de logiciels à utiliser