Il existe, dans le monde de la retouche photo, deux grandes catégories de logiciels : ceux qui enregistrent les modifications apportées à l’image dans l’image elle-même (via les fameux calques) et ceux qui enregistrent ces informations ailleurs (dans une base de données ou un fichier annexe à la photo). Dans quel cas utiliser l’une ou l’autre famille de logiciel (ou les deux) ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.

Jusqu’aux années 2004-2005, tout photographe désireux de retoucher numériquement ses images procédait de la manière suivante :

  • il ouvrait ses photos via le menu Fichier > Ouvrir,
  • il procédait au travail de retouche en utilisant les outils de retouche, les filtres, les masques, etc. Bien sur, il prenait soin de créer des calques pour pouvoir revenir, le cas échéant, sur les modifications apportées à l’image,
  • il enregistrait son travail via le menu Fichier > Enregistrer sous… avant de fermer le fichier et de passer à la photo suivante.

Ces logiciels sont qualifiés de logiciels de retouche destructifs car on peut modifier directement les pixels qui composent l’image. En voici quelques uns : Photoshop, Affinity Photo, Gimp, Photofiltre, etc.

Et puis patatras !! En l’espace de quelques mois, des éditeurs comme Apple, Adobe et DXO sortent des logiciels au fonctionnement radicalement différent de ce qui existait jusqu’alors. Exit le menu Fichier > Ouvrir. Exit aussi les calques, les filtres et la plupart des outils de retouche (tampon, gomme, pinceau, outils de sélection etc.). Exit enfin le menu Fichier > Enregistrer sous. Avec ce type de logiciel, le processus de retouche se déroule comme suit :

  • on choisi la photo à retoucher parmi toutes celles présentes dans la photothèque,
  • on procède à la modification de la photo en déplaçant des curseurs et en utilisant quelques rares outils de retouche (recadrage, yeux rouges, filtre dégradé ou pinceau de retouche),
  • on exporte la photo retouchée pour créer une nouvelle photo qui elle contient l’ensemble des modifications apportées à l’image.

Ces logiciels sont appelés développeurs, dérawtiseurs (oui, je sais, c’est moche comme terme mais c’est pas moi qui l’ai inventé) ou encore dématriceurs. La grande différence avec les logiciels de retouche destructifs réside dans le fait que les modifications apportées à l’image ne sont pas stockées dans l’image elle-même mais dans une base de données ou dans un petit fichier annexe à l’image. En voici quelques uns : Lightroom, Capture One, DXO, Picasa etc.

Je ne m’étends pas  plus sur la présentation et le fonctionnement de ces deux grandes familles de logiciels vu que cela a déjà fait l’objet d’un article.

Aujourd’hui, ces deux types de logiciels cohabitent et se sont partagé le marché de la retouche d’image. Du coup, ce n’est pas forcément évident de savoir dans quel cas utiliser l’un plutôt que l’autre.

Il faut avant tout savoir que le choix du logiciel va avoir une incidence sur votre façon de travailler (avec bien entendu ses avantages et inconvénients).

Sur le flux de travail pour commencer,

Les logiciels de retouche destructifs sont conçus pour retoucher des photos alors que les logiciels de retouche non destructifs sont conçus pour gérer le flux de production photographique (importation, classement, retouche et exportation-partage). Cette philosophie, ce mode de fonctionnement a forcément des conséquences sur le flux de travail.

Avec un logiciel qui gère les calques, les photos ne sont donc pas indexées et classées dans une photothèque. C’est à vous de créer et hiérarchiser les dossiers qui contiennent vos images. De plus, il faut veiller à créer des doubles de vos photos. Je le dis, je le répète : la photo brute issue de votre APN doit toujours être dans un dossier à part. C’est votre archive, votre photo brute de pomme, et moi, j’aime bien les pommes… 🙂

Avec un dérawiseur, on peut généralement identifier, classer et organiser ses images directement à partir du logiciel. Il est donc parfaitement inutile de passer par l’explorateur de fichiers ou le Finder de votre Mac pour créer des dossiers/déplacer ses photos, etc. (et c’est même fortement déconseillé !).

Sur le type de fichier à utiliser ensuite,

Les trois types de fichiers pouvant être créés par un APN, à savoir le JPEG, le Raw et sur certains modèles le DNG, ne gèrent pas les calques.

Avec un logiciel qui gère les calques, il faut donc enregistrer les photos soit dans le format propriétaire du logiciel (PSD pour Adobe, AFPHOTO pour Affinity Photo, XCF pour Gimp, etc.) soit utiliser le fichier universel TIF pour conserver intact le travail de retouche.

Avec un dérawtiseur, on ne se soucie pas de savoir sous quel format enregistrer ses photos vu que les modifications qui lui sont apportées ne sont pas enregistrées dans l’image. De plus, il faut savoir que le poids d’une image comprenant plusieurs calques est forcément plus lourd qu’une photo dont les modifications sont stockées dans une base de données ou un fichier annexe à l’image.

Alors, la retouche de photos : avec ou sans calque ?

Alors, avec ou sans calque ?

Alors, avec ou sans calque ?

Bon, après cette longue introduction, place à la question qui nous intéresse ici vu que c’est le thème de cet article.

Donc finalement, quelle famille de logiciel utiliser pour retoucher au mieux ses photos ?

Sachez avant tout que le potentiel de retouche est différent entre les deux types de logiciels (l’un ayant bien entendu un potentiel de retouche supérieur à l’autre). Si vous n’avez pas sauté de lignes au cours de la lecture de cet article, je suppose que vous avez deviné que c’est le logiciel de retouche destructif qui offre les capacités de retouche les plus importantes. Pourquoi ? tout simplement parce qu’il a été conçu pour ça.

Ok, donc allons-y pour les logiciels qui gèrent les calques… Et bien non, pas nécessairement. Les éditeurs de logiciels ne sont pas fous. Ils ne vont pas créer des produits qui se concurrencent. Si les logiciels de retouche non destructifs sont moins puissants en terme de retouche d’image, c’est qu’ils compensent ce manque en étant mieux adaptés que les logiciels traditionnels dans certains types de travaux et dans leur façon de travailler (le fameux flux de production).

Allez, assez tourné autour du pot. Pour faire votre choix, posez-vous la question suivante : qu’est ce que je veux faire de ma photo ? Est ce que je veux simplement l’embellir ou au contraire la retoucher en profondeur, la manipuler, la triturer pour en faire un photomontage ? Car c’est là qu’est la nuance…
Les logiciels qui gèrent les calques sont conçus pour retoucher en profondeur les photos.

Voici donc quelques exemples de cas ou il faut utiliser ce type de logiciel :

  • Suppression d’un élément complexe, réfection d’une zone de l’image
  • Restauration de vieilles photos
  • Retouche beauté d’un portrait (atténuation rides, suppression boutons etc.)
  • Effets spéciaux élaborés (photomontages, trucages photos)
  • Mélange de deux photos en une seule image
  • Création d’affiches ou de prospectus
  • etc.

Les logiciels de retouche non destructifs sont eux, conçus pour embellir, sublimer vos photos. Ici, pas de trucages en tous genres et autres effets spectaculaires. On se « contente » d’optimiser, de rendre la photo plus belle.
Ces logiciels sont parfaitement adaptés aux opérations suivantes :

  • Recadrage, pivotement des images
  • Suppression des yeux rouges
  • Correction des zones sur ou sous exposées
  • Correction de la balance des blancs ou d’une dominante de couleur
  • Création de photos en noir et blanc
  • Amélioration de la netteté, suppression du bruit numérique
  • Correction des distorsions, perspectives ou des aberrations chromatiques liées à l’objectif
  • etc.

Conclusion

Bien sur si des logiciels comme Photoshop ou Gimp sont capables de faire les retouches que font des dérawtiseurs comme Lightroom ou Capture One, l’inverse lui, n’est pas possible. Par contre, ils ne le feront pas avec la même ergonomie, la même souplesse d’utilisation que ces derniers. Ouvrir les images une à une pour les retoucher est fastidieux, les fichiers sont lourds, il faut être bien organisé (dossiers / sous dossiers etc.).

A l’inverse, si un logiciel comme Lightroom est capable de supprimer certains éléments indésirables sur l’image, rien ne vaut les bons vieux outil Tampon et Correcteur pour réaliser ce genre de travail. Il seront plus précis et la qualité du travail sera bien meilleure.

Tout cela pour vous dire que les logiciels de retouche photo, c’est comme le reste : ce sont des produits conçus pour répondre à un usage bien précis. Il n’y a donc pas une catégorie meilleure que l’autre. Par contre, il y a forcément une catégorie de logiciel qui sera mieux adaptée à vos besoins.

Le choix du format d’image à la prise de vue peut également vous aider à faire votre choix :

  • Si vous avez fait le choix du format Raw ou DNG, vous êtes, de facto, obligés de « développer » vos photos. Dans ce cas, le flux de traitement et son ergonomie est à l’avantage des dérawtiseurs.
  • Si, au contraire, vous avez choisi le JPEG, vous n’aurez pas forcément besoin (ou envie) de retoucher les couleurs ou la tonalité de toutes vos images. Dans ce cas, la question d’utiliser l’une ou l’autre catégorie dépendra de ce que vous souhaitez faire de vos images.

Finalement, on se rend compte qu’avoir les deux types de logiciels est la meilleure solution car ceux-ci sont bien entendu, parfaitement complémentaires (embellissement d’un coté et retouches sophistiquées de l’autre). L’utilisateur peut ensuite d’un clic, passer d’un logiciel à l’autre en fonction de ce qu’il a à faire. Les éditeurs l’ont bien sur parfaitement compris en proposant les deux solutions logicielles (je pense notamment à l’offre d’Adobe à 11,99 €/mois qui inclus Photoshop + Lightroom).

Mes conseils :

  • Allez le plus loin possible dans la retouche non destructive. Le fait de conserver l’image d’origine et de pouvoir revenir à n’importe quel moment sur une étape de la création est un atout considérable.
  • Utilisez votre logiciel qui gère les calques lorsque vous ne pouvez plus faire autrement.
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